La Parole

snow

20 nov. 2011

Dans la douceur du désert, ils avancent péniblement. Tous les gens, ils sont quelques centaines, cherchent à s'extraire de leur corps. Une cérémonie est en cours. Ils marchent depuis des heures autour de ce feu au centre. Quelqu'un s'assure de la qualité de la flamme et d'ajouter le mélange odorifiant, mélange d'herbes et d'épices jetées parcimonieusement sur les braises. Ce mélange odorifiant, tous le hume à de longues respirations, inhalant cette fumée qui leur amène l'ouverture de certaines portes. Un état tout près de la transe est ressenti et pour doser l'effet voulu, s'agit de marcher plus ou moins lentement, méthode de dosage dont chacun est son responsable.

Dhouma marche lentement, yeux mi-clos. Elle a été des premières à inhaler les effluves ennivrantes. Dhouma a la quarantaine. Elle vient d'une souche aborigène dont les origines demeurent nébuleuses. Elle a une vie difficile du fait du décès de son mari. Quelques enfants à nourrir et les misères s'installent même si d'autres de la communauté l'aide. Elle est seule à rendre le fruit de son travail pour nourrir ses enfants. La communauté l'aide et la supporte du mieux qu'elle peut. C'est qu'elle n'est pas la seule de cette situation.

Les problèmes ont débutés il y a quelques années quand un problème n'a pas été résolu par les discussions entre tribus et qu'un affrontement eu lieu.. Les Dashiba et les Aridal se rencontrèrent dans la forêt, loin du regard réprobateur des femmes. Cette rencontre fut un désastre pour les Dashiba. Presque tous les hommes moururent des blessures reçues. Plusieurs ont survécus et sont demeurés handicapés. Les femmes durent retourner aux champs.

Dhouma marche et implore leur dieu de les aider, que les récoltes n'ont pas été bonnes par manque de pluies. Les dattiers seuls ont rendu. Les chèvres auront des difficultés à trouver l'herbe nécessaire.
Dhouma s'offre en sacrifice pour sauver ses enfants et les gens de son clan. Elle pleure intérieurement du sacrifice consenti. Et elle ne s'en est ouverte à personne.

Un vent se lève. Quelques-uns se regardent.. Rare.. le vent caresse leur peau, surtout à cette période de l'année. Une pluie s'abat sur eux. Les gens continuent de marcher sous la pluie qui lave et rafraîchi leur peau. Plusieurs s'extirpent de leur transe pour profiter de cette eau venue du ciel miraculeux. Plusieurs s'interrogent sur ce miracle car c'est un miracle. Plusieurs minutes et la pluie tombe toujours. Les gens ramassent leurs rares effets et se préparent à retourner au village.
Dhouma prend alors le Bâton de Parole et déclare:
"La pluie n'est pas un hasard et je suis moi-même étonnée de la quantité que nous recevons. J'ai offert ma vie en échange de quelque chose pour vous nourrir tous et mes enfants. Je vais donc rendre le service demandé."

Les gens ont commencé à murmurer une désapprobation, les femmes surtout, jugeant excessif d'offrir une précieuse vie pour de l'eau.
Dhouma rejette toute demande de réfuter son serment.
Le magicien s'avance alors et lui demande:
- Tu as vu le dieu à qui tu as offert ta vie?
-Non.
- Il t'a demandé de lui ouvrir ton coeur?
-Non.
- Il t'a donné une parole à songer avant de humer les herbes!
-Non.
- Tu l'as revu pour qu'il t'assiste à rendre ton serment?
-Non.
- Je déclare nul le marché que tu as conclu Dhouma. Aucune réponse ne valide
d'attenter à tes jours.

Il y eut des pleurs de joie pure de la part de tous car Dhouma était la seule pressentie pour remplacer le magicien un jour.
Ce qu'il y a à retenir, peu importe votre conviction, ayez toujours un regard dans votre coeur. Lui seul connaît votre Vérité.

Anorech

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